jeudi 24 avril 2008

Sic(k) - Part I





On pense toujours que le flot de conneries traditionnelles auxquelles nous ont habitués les "détenteurs du monopole de la violence physique légitime" (ou ceux qui, en Marceau Armani, miment depuis leur circonscription tramplin, une lutte féroce pour la détention de ce monopole), on pense donc que ce flot ininterrompu connaîtra peut-être un jour, par chance, une suspension temporaire. Ce soir, il n'y eut aucune suspension, juste de quoi se rappeler que le régent lilliputien n'est toujours pas en phase terminale (1) mais poursuit avec panache sa "mission" de croque-mort élyséen.

Une entrevue avec le président donc. Quelques minutes avant le début de cette causerie retransmise notamment sur les principales chaînes de télévision libres et indépendantes, France Info qui s'est joint également à la diffusion de cet intermède comique a eu la bonne idée d'inviter sur son antenne un énième spécialiste de la communication politique : en gros, réjouissez-vous bande de crustacés ogéèmisés, l'Empereur "rentre dans le rang" (sic) puisqu'il initie un nouveau mode d'entretien politique : dorénavant, ce ne sont plus simplement deux journaleux qui lui tiendront le crachoir mais cinq à la queue-leu-leu. Fin de la rupture formelle.

20h01: un commentateur de la radio libre précise que cela fait "deux semaines que le président travaille cet entretien", qu'il "s'imprègne des fiches de ses collaborateurs", et qu'il réalise un "training" (sic) avec lesdites endives courtisanes qui s'ingénient à faire de toute contestation possible une simple "incompréhension" des réformes "nécessaires" en cours. Non seulement le président fait de terribles efforts préparatoires mais en plus il a invité la team journaliste dans la "salle des fêtes" du Palais. Et comme dans la République tout est finalement histoire de cirage, le commentateur précise, dans un troublant souci informatif, que le plancher qui accueille le prince et ses porte-micros est en fait un "sol design" (sic). La cire d'abeille comme introduction à l'analyse politique qui n'a pas peur de rayer le plancher, elle.


Acte I


20h15: la voix de David Pujadas ouvre le bal muselé. Il est question de la "culture du résultat" du präsident. "La France était un peu endormie depuis 25 ans (...) avant, le pays était en première division (sic)" et maintenant elle rame dans un sous championnat picard en gros, la personne de petite taille dixit. (2) Sur le mode bilan après un an de grand n'importe quoi qui en fait est plus que formidable, N.S. explique qu'il veut toujours "réhabiliter le travail", agir pour ses "compatriotes" qu'il veut "protéger". La preuve, il poursuit sur l'instauration de la franchise médicale, qui, selon lui, "bouscule les conservatismes". Un conservateur, c'est à l'entendre, un connard qui a pas envie de s'endetter pour se faire changer sa perf'. Toujours dans le domaine protégeons les plus faibles dans des dispensaires, le discours de légitimation de la franchise médicale est assez grandiose. En gros, dès que le sieur Sarkozy est dans une posture assez minable (ce qui arrive assez souvent), il va chercher loin dans ce qui fait la grandeur de tout être humain, à savoir le recours systématique au pathos.
La franchise médicale? Un potluck pour les grabataires alzheimerisés et les gentils "cancéreux en phase terminale, les malheureux" (sic). Les pauvres qui contestent sont des sans coeur quoi.

Quand il s'agit de discours de légitimation de lois iniques sur le mode pathos à fond les manettes, N.S. en rajoute généralement une couche avec le traditionnel "si les Français n'ont pas apprécié..." "c'est parce que nous n'avons pas assez expliqué les réformes" (sic). Evidemment, en filigrane "si vous êtes dans la rue c'est parce que (roulement de tambour) vous n'avez pas compris". Le grand classique des grèves de 95 sous Juppé et plus généralement de tous les discours post contestation produits par les élus du peuple. Faisons preuve de pé-da-go-gie. Nous savons ce qui est juste pour vous, mais cons comme vous êtes, vous ne le savez pas encore. Sarkozy, président maïeutique.

Donc, pour résumer le bilan, vive le travail, vive le pathos et surtout vive moi, because être président, c'est "une des fonctions les plus difficiles" (surtout quand on a augmenté son salaire de 140% dès son arrivée au Palais.)

Le sieur Pujadas se risque à poser une question sur le "théâtre médiatique" qui entoure (que crée?) der Präsident, ce à quoi l'intéressé répond : "il faut toujours être à l'écoute" (d'Europe 1 ?) (3) Toujours être à l'écoute des chômeurs par exemple qui visiblement seraient de moins en moins nombreux en France puisque toujours selon l'écouteur de l'Elysée, il y aurait 200 000 chômeurs de moins. Ce qui est toujours fabuleux avec le discours chiffré, c'est qu'il permet à son producteur de raconter à peu près n'importe quoi sur n'importe quel sujet. On peut remarquer quand même que N.S. ne s'est pas trop mouillé non plus en disant cela, puisque, en effet, 200 000 chômeurs "en moins", ce ne sont pas 200 000 personnes qui ont retrouvé un emploi. Dans un moment de lucidité, l'imposteur parvient toujours à fixer des limites à ses petites duperies. Pas trop grosses, jouable. Car, si le président s'y connaît bien en matière de radiations (cf. (1) ), il en est d'autres qu'il se garde bien d'évoquer, notamment quand elles prennent place non pas au pavillon des métastases de Villejuif mais aux Assedic de partout ailleurs.

Quasi fin de l'introduction sur sol design. Pujadas demande en toute candeur si Nico a "changé". Réponse autour de la "fonction présidentielle" sur le mode de la pseudo affliction maîtrisée : "c'est une charge si lourde"...et étaye ses propos de forçat en Rolex grâce à la croisière qui s'est amusée un jour pas très loin de la marina de Mogadiscio : le Capitaine Stubbing (4) kidnappé par des "pirates" somaliens en sweat Nike lui fait dire qu'il "avai(t) sur (s)es épaules des otages". Notons qu'il n'est pas le premier à capitaliser sur la Corne d'Afrique. Transubstantiation du riz en otage.










(1) A la différence de ces "malheureux cancéreux en phase t..." (sic) - N.S. dixit- qui, à défaut de faire gagner "un point de croissance" à la patrie because coincés quelque part entre les cathéters et les étoiles filantes gamma, permettent au moins au monarque de justifier l'instauration de la franchise médicale. Un cancéreux peut être et sondé et instrumentalisé. La science (politique) avance.

(2) Le président ayant développé tout au long de cet entretien un discours dont le pathos n'a d'égal que sa propension manifeste pour le plaqué or et le travail libérateur, je me permets de faire preuve moi-aussi d'un peu de pudeur et de respect mielleux pour sa personne aux proportions des plus intéressantes.

(3) Quand Elkabbach taquine le prompteur pour annoncer la mort de l'ex grimpeur fanfaron de la Roche de Solutré passé grand admirateur de l'ère sarkozyste. Oui, Pascal Sevran is born to be (still) alive.

(4) Rappelez-vous, ce grand chauve en short blanc cassé qui déambulait dans les années 80 sur le pont en teck plastique d'un paquebot hollywoodien...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Les Français sont cons : ils ne comprennent rien et ce pov' Sarko a bien du mérite de vouloir faire évoluer la France (surtout que vu son salaire, il est quasiment bénévole : si c'est pas du sacrifice, ça)
Pour le "il faut tjrs être à l'écoute", je pense que tu vises un peu haut avec Europe 1. Je dirais plus La nouvelle star, plus bling bling et il va sûrement réussir à y caser carla, alors qu'à Europe 1, une radio où il faudrait parler pour dire des trucs pas trop cons...arghhh!
Bien sûr qu'il a changé, hé l'autre! Il a beaucoup changé.
De montres, pas de personnalité, c'est tout!

Antimollusques a dit…

Exact. Il fallait comprendre par "rupture" et "changement" une refonte totale, non pas des politiques économiques et sociales, mais de l'or Rolex au poignet (maintenant "Il" s'approvisionne dans les stands bras articulés/peluches/horlogerie de la foire du Trône -en plastique-).

Puisque les journaleux ont proclamé dès le lendemain de l'entrevue et en toute quiétude l' "humilité" du Präsident in chief, on peut -nous les cons- (continuer à) dormir tranquille.

Anonyme a dit…

what about the part II ?