vendredi 11 avril 2008

De l'éthylo-solubilité du porc?







"Ces policiers noyés sous la pression : Santé : Près de Tours, un centre accueille les gardiens de la paix alcoolo-dépendants." (1) Article paru aujourd'hui dans le très combatif "Libération" sous la plume affûtée aux onguents d'un énième maquisard du XIème qui nous révèle l'existence d'un centre de traitement pour uniformes cirrhotiques.

First, on pourra s'étonner de l'omission du point d'exclamation après le mot "santé" introduisant le sous-titre de cet article des plus délicieux en matière de pathos policier. Et puisqu'il est de rigueur de citer les "bonnes feuilles" des bouquins, je propose de citer les joyeux substrats merdiques publiés dans la presse quotidienne:

"Désormais, on compte en nuitées , explique Chantal Mézière, la directrice. L’an dernier, nous avons réalisé 20 400 nuitées, soit un taux d’occupation proche de 100 %. Nous sommes en train d’étudier la possibilité d’augmenter la capacité d’accueil, car nous ne pouvons pas satisfaire à toutes les demandes.»

Puisque la France, pays de branques situé quelque part entre le néant et le vide, connaît une décélération de son activité économique et que la police se spécialise dans la cirrhose, pourquoi ne pas suggérer la création d'une nouvelle niche dans l'industrie du tourisme post-viticole? Les hôteliers bretons qui nous les cassent quand les "Aoûtiens" préfèrent aux embruns de Kernéant les chouchous d'une plage sudiste aux effluves Garnier, devraient relire avec attention les articles de Libé: investissez dans le flic, à la différence du soleil qui ne se lèvera peut-être pas demain, l'alcoolisme dans les fourgons sera toujours fidèle au poste. Et toujours à propos du "taux d'occupation" exceptionnel révélé par la directrice sommelière, il y en a un qui lui ne connaît aucun changement, ni amélioration, c'est celui de l'autre château en ruines dans lequel officient les supposés dépressifs des services de l'ordre. (2) Avis à tous les casse-couilles alcoolo: oubliez l'histologie, entrez dans la confrérie des bouilleurs de cru bleu horizon.


"Après deux semaines au château et une semaine de sevrage à l’hôpital, Patrick retrouve ses repères et «un peu d’humanité.»

Doit-on comprendre que le stage "police/sevrage 2008" comprend des activités de plein air de type "tir à l'arc pour retrouver tes repères" ? Les repères, ce sont pour les CRS les S.O. des partenaires sociaux. Bernard Thibault a délaissé le stand merguez pour repeindre la cible. Entre brassards, on balise l'espace. S'agissant du peu d'humanité retrouvé dans l'aile droite de la bâtisse, les concierges ont dû laisser traîner un coin de journal pour permettre aux pensionnaires d'astiquer leurs rangeos.


"La cirrhose est une maladie chronique du foie dans laquelle l'architecture hépatique est bouleversée de manière diffuse par une destruction des cellules du foie (hépatocytes), suivie de lésions de fibrose alternant avec des plages de régénération cellulaire qui ne respectent plus l'organisation initiale lobulaire." (3)

Puisqu'il est question d'alcoolisme et de l' "architecture hépatique" bouleversée des gardiens de la "paix", pourriez-vous de grâce chers futurs macchabées humanistes ne plus accorder le privilège de vos viscères rosées aux rougeauds matraqueurs sur liste d'attente? (4)

Bien que l'article de Libé ne soit pas un sommet de sarcasmes à l'encontre de ceux qui forment généralement des cordons qui réussiront peut-être un jour à les asphyxier, c'est quand même l'une des rares (trop) rares fois où l'on entend simplement parler d'alcoolisme patenté chez les flics. Etrangement, quand un communicant de Libé ou autres prend son Vélib' pour s'encanailler le Pashmina en manif', le compte-rendu est toujours le même: des sauvageons picolent (5) et c'est bien fait pour leur gueule de se la faire éclater par des flics biens qui ne font que leur boulot, quoâ. Pour une fois que les communicants substituent à leur intérêt des caves périphériques les caves des commissariats centraux... Champagne. (6)

Puisque Libé a la décence d'aborder la très pénible question des noyades affectives parmi les flics, il y en a d'autres, moins situées dans l'affect, plus profondément inscrites dans la vase, qu'on ne traite pas dans des châteaux tourangeaux.

Bavure:


"1. TECHN. Trace, saillie que les joints d'un moule laissent sur l'objet moulé.
2. COUR. Trace d'encre empâtant une écriture, un dessin, une épreuve d'imprimerie.
3. Erreur pratique, abus ayant des conséquences fâcheuses. "Bavure policière. Il y a eu quelques bavures dans cette affaire".

On remarquera le bel effort d'euphémisation réalisé par les rédacteurs du Bob illustré quand il s'agit de fournir quelques exemples à la troisième signification officielle du substantif "bavure". Des "conséquences fâcheuses?" La BAC 94 doit lire finalement, elle doit circonscrire son intérêt pour la lecture terminologique aux illustrations guillerettes du Bob.


Une bavure, c'est une tache de pastis sur un uniforme. Ethylo-soluble. Comme les Maliens dans la Marne au printemps.


Je suis en état d'ébriété, vous êtes en état d'arrestation.











(1) http://www.liberation.fr/actualite/societe/320575.FR.php

(2) Taux d'occupation des prisons françaises (bien supérieur à 100% lui) disponible sur le site de l'Observatoire international des prisons :
http://www.oip.org/le-systeme-penitentiaire/politique-penitentiaire/politique-penitentiaire-rapport-2005.html

(3) Source: Wikipédia.

(4) Bien que l'on fasse par ici bien plus souvent don de son corps à la police qu'à la science.

(5) Oublié le journal (Le Monde ou Libé) dans lequel cet article est paru il y a quelques semaines, une seule chose dont mon lobe droit parvient à se souvenir: les bières avaient été "préalablement vidées" (sic) par les manifestants.

(6) A propos de la communication "interactive" choisie par Libération sur son site web, je note que le commentaire que j'ai tenté de laisser à la suite dudit article a été refusé par le "modérateur" de la tribune libre. Bizarrement, les commentaires qui ont été autorisés sont une sorte de long râle en l'hommage de ces malheureux qui, à en lire certains, ont été enrôlés de force dans les brigades spéciales. Un p'tit commentaire pour la route d'une "citoyenne" (sic) virtuose dans le pathos fliqué: "méconnaissance: Ce n'est pas de l'indifférence dont sont victimes ces policiers, c'est de la méconnaissance. Un jour viendra où le stress du métier de policier sera reconnu comme une cause de souffrance, qui se manifeste par l'alcoolisme ou par d'autres symptomes selon les personnes, ce jour là, il y aura des procédure d'encadrement psychologique digne de ce nom et les policiers seront moins exposés à cette souffrance (...)"

Libération, ton style incisif, tes prises de position ô combien courageuses dans ce monde farceur. Libération, je t'en prie, censure-nous encore à coup de glucose barbelé.

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