jeudi 30 octobre 2008

Ich bin ein Fascissois

Propreté, solidarité et rafles cot cot codées









" Dans le cadre de la Présidence Française de l’Union Européenne, Vichy accueille les 3 et 4 novembre prochains, la conférence des Ministres européens consacrée à l'intégration des étrangers en Europe. Cette conférence internationale est présidée par Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire. Près de 1350 personnes vont séjourner à Vichy. Bienvenue aux 30 ministres européens et à leur délégation ! 

(...)

Brice Hortefeux convie les 3 et 4 novembre prochains à Vichy ses homologues de 30 pays européens pour débattre de l’intégration des étrangers en Europe. C'est la première fois depuis la fin de la deuxième guerre mondiale que Vichy a l'honneur d’accueillir une grande conférence internationale. Un symbole fort qui marque la fin de l’ostracisme envers notre ville trop souvent victime de l’injuste confusion entre Vichyssois et Vichystes. C'est aussi une reconnaissance de nos atouts en matière d’accueil.  " (sic) (1)


Assez étrangement, il y a comme qui dirait une survivance de la connotation. Peut-être faudrait-il tremper la carte Michelin sous-section Allier dans un bain d'ions neutralisants. Une solution de neutrons pour un ancien partenaire de la finale. Et c'est bien évidemment en y organisant un sommet sur la coordination de la rafle version boeing 2008 (toujours plus rapide qu'une micheline) que l'esprit nauséabond sera définitivement dissout. Evidemment.

C'est un tort, on ne consulte que trop peu le programme culturel des métropoles de second rang. (2)



Le kiosque à journaux se vide aujourd'hui de toute presse nationale pour cause de préposés à la typo' furibards ? Pas grave, il reste les revues municipales et leur charmante mise en page (3). La preuve, (je suis partout) C'est à Vichy propose en front page un reportage sur le sommet dégage le basané 2008, un article intitulé "la propreté, c'est l'affaire de tous !" (sic) et souhaite une "bonne rentrée !" (sic) aux petits (blonds de préférence). Superbe. (4)



"Pourquoi avez-vous choisi d’organiser cette conférence à Vichy ?"

Brice Hortefeux : "Comme conseiller régional et très attaché à l’Auvergne, j’ai voulu profiter de cette opportunité formidable de placer Vichy au coeur de l’Europe. Outre le fait que la ville dispose de toutes les infrastructures nécessaires pour accueillir un tel événement, il était plus que temps de rompre avec l’ostracisme qui touche encore injustement la ville. Voici pour Vichy une belle occasion de donner une image d’avenir !

... des cons ont pensé à une régularisation massive des bouffeurs du pain of ours en sous-préfecture, d'autres ont songé à l'avenir du souvenir dans une répétition infinie où les peuples dégénérés doivent être, sous bonne escorte, réexpédiés à bon port pas propre. (Quant à "l'ostracisme" de la ville, le problème pour Brice, ce n'est pas tant l'association Vichy-sous-préf'-perdue/Pétain, mais bien France-de-tout-de-suite/Vichy...) (5)

Là, la question qui fâche, l'acmée du journalisme d'investigation :

"En dehors des séances de travail, quel va être l’emploi du temps des délégations ?"

Brice Hortefeux : "Les délégations, qui logeront toutes dans les hôtels de la ville, se retrouveront au Palais des Congrès pour y travailler. Elles auront aussi naturellement tout le loisir pour découvrir Vichy et ses environs. Elles assisteront également le soir à un spectacle à l’opéra."

Eh Brice, quand tu applaudiras du balcon à la connerie du monde, tends pas trop le bras, tu risquerais de te faire une tendinite. Faut bien se détendre après une session charter. Distribution de bas de contention pour tous. 



On reproche à Hortefeux son absence de tout sens du symbole, néanmoins en conviant ses petits amis en uniformes à cette sauterie, il se rapproche de façon fort troublante de l'essence même de la chose. Les potes à Platon se reconnaissaient grâce à l'assemblage de deux pièces -le sumbalein- , Hortefeux et les "trente-ministres-de-la-délégation-qui-sont-les-bienvenus-dans-la-ville-injustement-ostracisée" ont glissé dans leur attaché case le morceau de la reconnaissance. Le carton d'invitation frappé du sceau de la République doit préciser en note qu'il serait de bon ton d'apporter le tronc et le col du fémur d'un malien tombé d'un train d'atterrissage. Sinon, y s'ront tout perdu les ministres; ce serait dommage de liquider les derniers humanistes dans les thermes...





A Vichy le 3 novembre, on joue la Walkyrie.








(1) L'office de tourisme de Timisoara est en grève, l'Allier résiste :
ville-vichy.fr/vichy-au-ceur-de-leurope-les-3-et-4-novembre.htm


(2) Et quand à Douaumont, dans un ossuaire nous organiserons 
      La rencontre main dans la main des industries chimiques, 
      Trinquons...


(3) Si la couverture de ce journal ne figure pas dans "la casuistique des proximités douteuses et des mises en page qui osent tout", j'écoute Wagner à fond dans le ghettoblaster.


(4) Le sieur Malhuret Claude, maire UMP de la commune qui réceptionne ces messieurs-bon-coeur et signe un simili édito où sont successivement abordées la question des caniveaux et celle douloureusement reliée du curetage coordonné, a visiblement occupé le poste de "secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre, chargé des Droits de l’Homme" (sic) entre mars 86 et mai 88; depuis mars 2004, le G.O. serait "membre de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme" (sic) et "auteur d’un ouvrage intitulé « Les vices de la Vertu ou la fin de la Gauche Morale » (sic). Comment dit-on "rêver" en étranger ?


(5) Il serait tellement plus agréable qu'à terme les bons petits ânes de la 6èmeB du collège Raffarin de Maison-Laffitte convoquent le concept de crème de jour pour se souvenir de Vichy.




mercredi 29 octobre 2008

La découverte du mécanisme de rupture spontanée de symétrie en physique subatomique


Suggestion pour des techniques de management moderne








Les benêts du "recruting" ying-yang zen sur canapé velours.


Tu postules pour un boulot de laquais d'aéroport (type cruche fardée telle une Barbara Cartland sous diète qui répète 300 fois par jour "Bon voyage, Sir" après avoir reconstitué sa collection de souches cartonnées. L'esprit frappé par le syndrome de la démonstratrice en parfumerie, "environnement international" en sus).

Tu postules donc pour un boulot qui te permet de faire des emplettes au rayon que dalle.

Option surchauffe neuronale.

Après le test d'anglais du valet en milieu aéroportuaire, les questions de type "culture générale" (sic) où tu dois réciter par coeur le numéro de la police la plus proche (j'essaie de joindre la brigade anti-cons; sans succès) et le calcul mental (combien font dix heures de sommeil moins quatre dans le RER B par temps de pluie ?), les exercices de dominos paraissent, à côté de ce qui suit, être un pipi de chat très sympathique, finalement :


Roulements de tambours, à vos stylos :


"La mort d'un proche a-t-elle déjà eu des conséquences sur votre santé?" (sic)

Réponse A: J'ai gardé seulement quelques égratignures sur les mains.

Réponse B: C'est quoi alors ces bouts de chips sur le questionnaire ducon ?

Réponse C: Non, plutôt le contraire.



"Le stress a-t-il déjà affecté votre vie sexuelle?" (sic)

Réponse A: Pour l'affecter, encore aurait-il fallu qu'elle existât.

Réponse B: Si monsieur le patron est suffisamment compréhensif, ça ne devrait pas poser de problème.

Réponse C: L'année dernière avec Kévin, quand on est parti chez tata Michèle à Périgueux, eh ben oh la la, j'étais toute patraque.


Le CV, c'est dépassé, vive les tests de blennorragie dans l'entreprise !



Better and better. De pire en pire pour les moins ironiques.


Entretien pour un stage sous-payé (pléonasme) dans une radio publique. Un jeune chef boboïsant vautré dans son fauteuil sombre pivote jusqu'à moi grâce aux petites roulettes de son petit trône post-moderne.

"Bon, je vous le dis tout de suite, pour le recrutement, j'y vais au feeling" En gros, papa le gentil chef du couloir n'en a strictement rien à faire de ton "parcours universitaire et professionnel", il agite son pendule électromagnétique, il ondoie. Avant même d'avoir pu dire quoi que ce soit d'à peu près cohérent dans ce foutoir, tu es déjà soit un winner soit une merde. Ce qui est absolument prodigieux dans ce genre de phrases que l'auteur envisage comme une preuve de son côté divinement cool et moderne, c'est qu'elle te place dans un climat de sublime arbitraire.

Selon lui, la démarche n'est pas hasardeuse, elle est juste "cool".

Malgré sa vision new age du recrutement, monsieur Pendule et ondes interstellaires dans un placard prend une grande respiration qui ferait presque tressaillir de joie son laquais officiel placé à côté dans l'entrée, et demande "comment on envisage la radio publique". "Souci du service public, exigence de qualité, élévation de l'esprit". Une réponse qui respire pas trop le trotsk' enragé et qui vaut pourtant à son auteur ceci :

"Il me semble que vous êtes une militante altermondialiste de type Besancenot" (sic) Et en plus il a le pull cachemire catégorisant...

La prochaine fois, je m'engage à défoncer le sas avec une faucille. Quoique, puisque "militante" de type postier, je serais plutôt dans l'enfonçage de portes.


Soft Marcelle, soft...

Le surréalisme ayant largement dépassé les demoiselles d'Avignon, il poursuit tranquillement son oeuvre involontaire et fricote avec un certain oubli des textes. (1)

Le site de recherche d'emploi Keljob envoie régulièrement à ses abonnés-chômeurs des courriels mêlant (rarement) offres d'emplois et (plus souvent) "conseils" en tout genre pour lesdites recherches. Et puis, parfois, en pleine déliquescence automnale, on reçoit un mail qui compile cette fois-ci, non pas les expériences foireuses (non, "inédites") des détenteurs d'une carte Gold-Assedic, mais celles des trouducs faits séparateurs du bon grain et de l'ivraie en session d'entretien. Intitulé des mémoires courtes d'un DRH : "Le candidat est une candidate…" (sic)

« J’avais rendez-vous avec un prénommé Pierre, pour un poste de comptable. Le jour J, il s’est présenté... habillé en femme. Cela ne m’a pas empêché de mener l’entretien normalement, mais au départ, cela m’a fait un drôle d’effet ! » (sic) Claude, responsable RH dans une PME


Au-delà de la surprise étouffée de Claude le "responsable RH" qu'on imaginerait volontiers sous-chef dégarni dans une "PME" spécialisée dans la fabrication de pistons pour joints mastic de salle de bain, ce qui est véritablement surprenant, c'est cette douce agrégation d'aisance mesurée et d'évitement de tout discours qui pourrait forcer Cloclo à aller compter les oranges au parloir. Claude oublie de nous dire si ce chti élément vestimentaire a été délicatement noté en haut à gauche de la chtite fiche de recrutement, car si cela avait le cas, gentil Claude aurait pu passer lui aussi un entretien avec ce que ces sales gauchos appellent les prud'hommes, voire le tribunal d'instance.

Car, quand on a expérimenté soi-même les grandeurs du recrutement à la française et qu'on s'amuse à (essayer d') appeler l'inspection du travail départementale, on se rend facilement compte qu'il est quasiment impossible de faire quoi que ce soit, à part de faire de ce service a priori plutôt intéressant un énième bureau de consignations.

N'empêche. La loi, c'est bien, on aurait presque l'impression de patauger dans quelque chose d'à peu près juste.





Art. 9 du Code civil

Chacun a droit au respect de sa vie privée.


Art. L1221-6 du Code du travail


Les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à un emploi ne peuvent avoir comme finalité que d'apprécier sa capacité à occuper l'emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles.

Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l'emploi proposé ou avec l'évaluation des aptitudes professionnelles.

Le candidat est tenu de répondre de bonne foi à ces demandes d'informations.



Art. L1221-8 du Code du travail

(..)

Les méthodes et techniques d'aide au recrutement ou d'évaluation des candidats à un emploi doivent être pertinentes au regard de la finalité poursuivie.



Art. 225-1 du Code pénal (eh, faut pas pousser mémé dans les orties...)

Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. (...)



Art. 225-2

La discrimination définie à l'article 225-1, commise à l'égard d'une personne physique ou morale, est punie de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 Euros d'amende lorsqu'elle consiste :

(...)

5° A subordonner une offre d'emploi, une demande de stage ou une période de formation en entreprise à une condition fondée sur l'un des éléments visés à l'article 225-1 ;

(...)




***





Art. 16-6 du Code Civil:

Aucune rémunération ne peut être allouée à celui qui se prête à une expérimentation sur sa personne, au prélèvement d'éléments de son corps ou à la collecte de produits de celui-ci.



... Comme dirait le rescapé de l'Ile de Ré, j'ai décidé de me retirer définitivement du travail, la preuve, c'est illégal.






(1) Certes il y a plus excitant comme lecture, néanmoins les textes sont disponibles sur ce site : www.droit.org/jo/codes.html



N.B. L'univers est zarbi et c'est précisément la raison pour laquelle j'ai choisi comme titre à cette joyeuse bouillie l'intitulé des travaux d'un chercheur croûteux de 87 ans qui a reçu cette année le Prix Nobel de physique. Yoichiro Nambu, encore un qui doit "marcher au feeling"...




Ce billet a été écrit avec à fond dans la casbah "A bas les gens qui bossent" du délicieux Didier Super.

lundi 6 octobre 2008

Hortefeux-de-l'Amour



"Ils ont changé celle qui fait Victoria (...) et on ne voit plus Victor" (1)




Rentrée en France. Chacun a regagné son F3 double vitrage lave-vaisselle But après avoir délaissé dans la peine son F2 placoplâtre tout-à-l'égout d'un quelconque département frontiste (2). Il paraîtrait que c'est la crise et que les banques n'ont plus une thune. Les chantres du non-interventionnisme étatique ont revu leurs principes à la baisse et ont quémandé deux trois kopeks au petit argentier qui a dû faire fondre pour l'occasion sa collec' perso de montres bracelets platine. Le financier est un cake.



Dans cette époque où le médiocre est élevé au rang de performance sublime, on peut encore se hasarder les oreilles devant un poste de radio qui s'autorise la retransmission d'un bulletin de nouvelles matinal france-informatif.

Bien que l'idée d'y trouver une once d'esprit critique et de "reportage de fond" soit aussi probable que l'attribution du Prix Nobel de littérature à Danièle Evenou, on peut sous-tirer quelque plaisir malsain dans l'écoute attentive de sujets aussi douloureux et testimoniaux que le "débat" (sic) sur "la nouvelle formule du loto" ou "les vingt ans des Feux de l'amour" (sic once again).

Oui, oui après s'être tapée une école de "journalisme" "prestigieuse" et un emprunt sur 5 ans pour financer cette farce-carnet d'adresses, Raphaëlle Duchemin choisit d'introduire le "débat" sur boulingue- boulingue à coup de : "Jouer plus pour gagner plus? (...) Il y a une nouvelle grille, de nouvelles couleurs..." (sic)
Une école de journalisme et on finit par commenter les affres de la boule noire à Motus. J'ai longtemps cherché à quoi pouvait servir un journaliste, à part bien sûr reproduire à l'infini le discours dominant, et j'en suis arrivée à la conclusion qu'il y a dans ce travail de communicant quelque chose de l'ordre du SAV des constructeurs, à l'écoute des requêtes des gentils- consommateurs-rois-qui-ont-le-droit-à-la-transparence (3) . C'est la publicité et la hotline dans un studio d'enregistrement du XVIème. Raph' a annoncé pompeusement que le billet de loto allait passer d' 1 euro 20 à 2 euros pour demander tel un Jean-Pierre Pernaut ou un Julien Courbet sous acides si c'était de " l'arnaque". (4)

Ont été convoqués pour participer à ce troublant débat l'auteur d'un bouquin sur la Française des Jeux et un sociologue qui a dû faire sa thèse sur l'impact socio-environnemental du rami, de la belote et du Nain Jaune en milieu périurbain. (5) Selon ce dernier, et suite à la question de Mam' Duch'min sur "ce qui fait que les Français ont une passion pour les jeux", "le" Français est "un Homo Ludens" qui a donc une "volonté de loisirs" et qui veut vivre "une petite aventure personnelle pour quelques euros" (sic). (6) Le docteur ès 1000 bornes poursuit son analyse sous LSD: le loto, c'est un peu un "miracle laïque (...) un peu de rêve (...) une prière qu'on adresse à la Providence." (sic)

Le genre de types qui soutient entre deux chivas que si les pauvres ne mangent pas de caviar, c'est parce qu'ils aiment pas ça, les cons.

Dans cette sombre bouillasse socio-pernauisée, l'auteur du bouquin sur la Française des Jeux se hasarde dans un élan de lucidité à lancer que les Français qui jouent le plus au Loto sont les pauvres. En fait. Enfin il ne dit pas "les pauvres" mais "les Français les plus pauvres". Le sociotruc aime pas trop et indique qu'il y aussi une grande part d' "employés" (qu'il ne considère pas comme membres de la communauté des "plus pauvres" donc.)

Le loto, c'est pas de la misère dans des cases, c'est du "rêve", une (petite) expérience ontologique toute mignonne qui trouve sa matérialisation dans de "nouvelles couleurs" chamarées. Glam. (7)




Quand on est dans de telles dispositions critiques et intellectualisantes, il serait dommage de s'arrêter en si bon (du)chemin et de ne pas poursuivre la "réflexion" (de la vacuité dans un miroir) dans un reportage hautement dérangeant.

Chauffée à blanc après l'animation du "débat" sur la quine magique, Raphaëlle Duchemin-Vers Le Néant prend des risques et annonce l'anniversaire d'un programme télévisé qui a fait la grandeur de notre beau pays. Celui qui serait tenté de croire qu'il s'agit d'une rétrospective sur les émissions de Polac ou " de tout autre chose qu'on pourrait soupçonner d'intelligence" (le grand Desproges dixit) peut s'administrer deux cuillères à soupe de cortisone et avaler dix litres de merlot. Non, l'émission qui fête ses vingt ans d'existence et qui occupe une équipe de France Info un matin d'octobre, c'est les gros plans sur des cataractes bleutées, des épaulettes en mousse qu'on fait claquer dans le vent, les Feux de l'Amour sur France Info. Yes my dear, you don't dream.


"Si vous appelez votre mère ou votre grand-mère sur les coups de 14h..." , Raph' dixit, paraîtrait qu'elle a activé son monte-escalier d'occasion pour s'affaler dans son fauteuil en nubuck avec télécommande intégrée pour s'envoyer un rail de feux... Raphaëlle Duchemin cartonne dans l'intro, elle taquine tes penchants anti-vieux, te rappelle tes appels las à la maison de retraite de mamie "sur les coups de 14h". Raphaëlle a appris dans son TD "journalisme de proximité" qu'il fallait créer une sorte de petit clin d'oeil facétieux entre l'auditeur et le reporter envoyé à la maison de retraite Les Iris pour rencontrer le target public de ce genre de mélasse épisodique.

Focus sur de la croûte en collectivité forcée qui s'égare la presbytie sur des Ricains en mode "ralenti". Après son très probable flan aux oeufs sur déambulateur, "une pensionnaire" avoue que les Feux de l'Amour, "ça (la) détend". Bon. J'attends la contre-expertise avec la Croisière s'amuse.





J'imagine que c'est par manque de temps et de moyens que, quelques minutes après, le sujet consacré à la mobilisation des ouvriers de Renault à Sandouville a été expédié en 15 secondes. La prochaine fois, bande de nases, au lieu de nous les casser sec avec vos pseudo problèmes de conditions de travail, réclamez le micro pour nous parler des vrais problèmes, des vrais sujets. Radio publique recherche vieilles qui jouent au Bingo tout en regardant les Feux de l'amour.




Notre grande aventure collective pour des milliards d'euros.






(1) Une pensionnaire édentée d'une maison de retraite, interviewée entre deux verveines par France Info ce matin dans un reportage de fond sur "Les feux de l'amour" -et le journalisme d'investigation.

(2) Oui, monsieur Durand, faites confiance à Catherine Mamet, le constructeur immobilier qui te garantit et le gros bourdon multicolore à côté de la porte d'entrée modèle terre cuite de Provence près de ton mas de 56 mètres carrés loi Carrez et le prêt ad hoc sur vingt ans à 20,3 % TEG.

(3) ... neuronale certainement.

(4) En parlant des interrogations multiples relatives aux impostures diverses, on se prend à rêver du jour où la Robin des Bois des joueurs de bingo se demandera en quoi son propre sujet participe de cette fameuse "arnaque".

(5) Selon des sources proches du dossier, le chapitre sur les Petits Chevaux a été censuré.

(6) Je demeurerai toujours plus proche de la Weltanschauung du bigleux chantant que de celle des "chercheurs" du CR - 152X quelque chose :"les pauvres quand ils jouent au loto, ils réfléchissent même pas à ce qu'ils cochent" Didier Super.

(7) On notera la fascination du communicant france-informatif pour les pots de peinture et les palettes graphiques qui rendent la moindre merde très attrayante et intrinsèquement légitime. "Je me souviens" d'un reportage de France Info sur un centre d'éducation fermé (joli concept au passage) dans lequel la journaliste précisait en extase que les murs de cette prison-qui-n'en-est-pas-une-bien-sûr avaient été "repeints en jaune" (sic). Délices du gros feutre esthétisant.