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jeudi 20 mars 2008

Au-delà de la famille et de la patrie, le lancer de poids


"Son bras tendu participe du lancer"


Je m'étonnerais toujours de cette capacité développée par cette masse informe que l'on appelle par ici les "gens" de prendre en haute (très haute) considération leur esclavage salarié. Qu'ils passent huit heures à triturer des bigoudis sur le crâne de vieilles rombières dont le décollement de racines n'a d'égal que celui plus intime, d'ordre très neuronal, ou qu'ils récurent le pot de chambre de la MJC Pablo Neruda, ils s'esbaudissent tous sur ce qui leur apparaît comme une condition primordiale de leur "épanouissement personnel".

On entend par ladite expression (largement pompée du peu de lexique dont disposent les sur-laquais des "ressources humaines") la possibilité de s'élever dans l'ordre du système bien éprouvé des maîtres et des esclaves. Se branler dans son cagibi en pensant qu'un jour se substituera à notre statut de sous-merde dirigée celui beaucoup plus enviable de merde dirigeante à moitié. En gros, si je suis aujourd'hui responsable du pot à crayons, je pourrais demain avoir des "responsabilités" encore plus grandes, encore plus folles, des prérogatives de type taille-crayons en sus. Extase dans les couloirs.

On a oublié l'espoir des tabarnacles, on a investi dans la promotion. Le mollusque a ceci de grand qu'il croit toujours que le pieu que l'on utilise pour le harponner n'est en réalité qu'un moyen pour l'élever dans la hiérarchie des serfs. Bien que parfaitement interchangeable, il s'agit encore de penser que je suis aimée dans la "maison".

Car encore faut-il avoir eu le privilège inouï de se faire "recruter". Prenez-moi, fourrez-moi. Je suis sur un banc, dans une salle de sport d'un lycée quelconque, on constitue les "équipes". Un groupe de plus en plus com-pact se forme, le banc se vide, l'humanité se divise alors en deux sous-catégories: les maillots compresseurs et les sweats "fuck off". Le premier s'anonymise dans un grand mouvement de joie séborrhéique, le second aspirerait presque à se dissoudre dans le parquet. Le second incluant les handicapés moteurs et le reste, c'est-à-dire tout ce que la planète peut compter de monades anti-performance, slackers sur les bords revendiqués, sous-merdes au "mauvais esprit" (la maillots team dixit).

La notion de "choix" n'est plus alors qu'un vague concept perdu quelque part entre moi et le panier (trop haut) de basket. les branques en shorts hésitent encore: la jambe de bois ou les supposées capacités motrices d'un furoncle pensant. La face décomposée, tu assistes au parcours hasardeux de la traversée d'un fauteuil vers la "team" choisissante. Militons pour la liquéfaction immédiate.

Well, l'athlète en chef râté (i.e. l'ex dragueur adipeux de l'IUFM de "sport co' ") maugrée, te signifie entre deux blagues puant le bigardisme 90's que tu "te la joues perso". Dix ans plus tard, la "team" est sous-chef dans une boîte de com', le prof perdu dans un bungalow sudiste, tu n'aspires plus qu'à te faufiler dans un vestiaire pour t'approprier enfin le stock de ballons bien durs et bien inutiles (alors) pour rendre grâce enfin aux vertus assassines desdites armes de destruction sphériques. Car, si la "team" de l'époque a "réussi" et qu'elle actualise aujourd'hui ce que tu avais pu percevoir alors (son "potentiel" de "winner" "motivé"), il s'agit maintenant d'effectuer un lancer franc dans leurs gueules de parvenus performants.


Le travail comme le sport. Le sport comme bras gonflé du travail. A 15 ans, intégrer, bien intégrer que le monde est fondamentalement arbitraire (car, sur quoi se fonde la constitution des "équipes", si ce n'est sur la reconnaissance de caractères absolument innés, fruit d'un hasard total entre des gamètes branquignoles de première?). Relax. On s'en branle du lancer de poids. Et c'est pas dans un bac à sable microbien qu'ils devraient atterrir mollement mais bien dans la gueule de ceux qui nous encourageaient à les lancer ces merdes sans nom. L'élévation mon cul.

Calm down. A Pékin, on travaille fort dans le stade olympique.