jeudi 4 février 2010

Tribunal des flagrants délires - Jour 6 Procès CRA Vincennes






Mercredi 3 février. Sixième journée d’audience à la 16ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Vers 13h30, une journaliste de France 3 et son anorak flanqué du logo de la chaîne demande aux deux gendarmes installés devant la 31ème chambre quand se tiendra l’audience « pour le CRA ». L’audience est prévue à 14h. Peu de temps après l’arrivée de la journaliste, une caméra est braquée sur l’entrée de la chambre. Pas grand-chose à filmer, les avocats de la défense ayant indiqué la veille qu’ils ne se présenteraient pas aux audiences prévues, considérant les irrégularités de procédure.

14h15. Entrée des magistrats. La journaliste de France 3 est installée dans le public. Une autre journaliste dans le box prévu pour la presse. Quatre plaignants et les deux avocates des parties civiles. Quelques personnes dans le public. Comme la veille, des affaires sont renvoyées. Fin des renvois. Les débats peuvent commencer.

La présidente constate qu’ « il y a toujours les mêmes personnes dans la salle. » Elle poursuit : « Monsieur l’interprète, vous pouvez prendre congé. » (1) Les avocats de la défense et les prévenus l’ayant pris aussi (le congé), la présidente annonce donc la poursuite du visionnage des bandes vidéo du CRA 2.

14h20. 7 vidéos en simultané à l’écran. 2 caméras filmant les couloirs, 5 filmant l’extérieur du bâtiment. La greffière interrompt la projection au bout de 15 secondes.

La présidente : « On en était à l’unité 2, la moitié. »

Une vidéo en plein écran de l’extérieur du bâtiment est projetée. On voit les grilles. Deux secondes de projection. (2)

Aucune mention par le tribunal de l’heure d’enregistrement des bandes. A priori, la plage horaire est 15h/16h.

8 vidéos en simultané (3). On voit les grilles extérieures. Allées et venues de retenus, quelques mouvements de foule.

Caméra 4 : on voit un feu qui prend visiblement à l’extérieur. Aucune image de mise à feu. Des retenus déplacent des matelas vers l’extérieur du bâtiment. On distingue ce qui semble être des flics à l’extérieur. Tas de matelas à l’extérieur.

Le procureur consulte ses documents.

On aperçoit un fort dégagement de fumée à l’extérieur.

Des huit caméras dont les enregistrements sont projetés à l’écran, 3 sont H.S., la fumée masquant toute image.

Sortie de la journaliste de France 3.


Caméra filmant l’espace extérieur grillagé (une sorte de cage dans laquelle les flics s’étaient planqués, les retenus amassés autour). 2 secondes de visionnage.




8 caméras en simultané. 2 caméras filmant l’extérieur, 6 filmant les couloirs du bâtiment. Quelques allées et venues de retenus.

Le regard du procureur se porte alors plus sur ses notes que sur l’écran.

Pendant un bon quart d’heure de visionnage, il ne se passe rien, à part des allées et venues de retenus, à l’intérieur et à l’extérieur.





8 nouvelles caméras en simultané. Il s’agit visiblement du bâtiment des femmes. Quelques personnes dans le public distinguent des silhouettes en jupes.

Caméra 1 (sur les 8 à l’écran) : sortie massive de retenu(e ?)s hors du bâtiment.

Caméra 7 : On voit de nombreux retenus à l’extérieur.

Caméra 6 et 7 : des poubelles sont sorties.

Caméra 2 : Il y a visiblement des flics dans la cour.
Allées et venues de retenus.

Caméra 7 et 8 : on voit de la fumée dans les couloirs. Aucune image de mise à feu.

Caméra 1 : sortie massive de retenus dans la cour.

Les caméras 7 et 8 sont probablement HS, en tout cas les deux écrans se noircissent.

Caméra 4 : Probablement des femmes retenues allant et venant dans les couloirs.

Caméra 2 : des flics dans la cour.

Allées et venues de retenues dans les couloirs.

Caméra 2 : flics dans la cour.

Caméra 3 : des flics dans les couloirs.

Caméra 2 : des flics visiblement seuls dans la cour.

Caméra 1 : des flics passent la grille (vers l’intérieur visiblement). Quelques personnes dans le public se demandent s’il y a là des pompiers.




Nouvelle sélection de vidéos. 8 caméras en simultané. 3 filmant les couloirs, 5 filmant le réfectoire. Aucune précision de l’heure de l’enregistrement des bandes.

On voit quelques retenus dans le réfectoire. Un homme (un retenu ?) déplace une poubelle dans le réfectoire.

Caméra 7 : un homme (un retenu ?) passe la serpillière.

Caméra 8 : même scène.

Caméra 6 : un homme (un retenu ?) amène dans réfectoire du matériel de nettoyage.

Caméras 1/2/3 : flux de retenus. Agitation.

Caméra 2 : matelas sortis d’une chambre.

Caméra 3 : matelas (et peut-être draps) sortis d’une chambre. Allées et venues de retenus.

Le réfectoire est vide.

Caméra 6 : passage d’une poubelle.

Caméras 1/2/3 : quelques retenus passant dans les couloirs.

Long passage où il ne se passe rien.

Caméra 1 : visiblement hors d’usage, on distingue seulement un halo jaunâtre sur fond noir.

Caméra 4 : image assombrie, puis écran noir.

Caméra 2 : flou progressif sur l’écran.

Caméras 2 et 3 : fumée ? Aucun retenu sur les images.

Caméra 2 : fort dégagement de fumée. Feu. Aucune image de mise à feu.

Caméra 1 : HS

15h28. Arrêt des vidéos. Quelques mots échangés silencieusement entre la présidente et l’un des assesseurs.




Nouvelle sélection vidéo.

Plein écran en noir et blanc : une chambre (d’isolement ?), un retenu a priori allongé sur un lit (4). 5 secondes de visionnage.

Arrivée d’un journaliste de Libération dans le box de la presse.

8 vidéos en simultané. Dispositif : caméras 1 et 2 : des chambres (d’isolement ?), dans l’une on distingue un corps allongé sur un lit, dans l’autre le lit est vide (vidéos en noir et blanc).

Les 6 autres caméras filment le réfectoire, des couloirs et une sorte de hall.

Sortie de deux plaignants de la salle d’audience.

Il ne se passe rien sur les vidéos.

Là, scène cocasse dans la salle : un gendarme visiblement en poste dans le tribunal s’avance vers les bancs des plaignants et embrasse tendrement l’une des plaignantes. Celle-ci, peut-être émue par ce bisou furtif, quitte la salle. Comme quoi, le conflit gendarmerie/police est un lointain souvenir. Fin de la séquence « l’amour des forces de l’ordre au tribunal ».


Caméra 6 : possiblement un flic dans le couloir.

Passages de flics dans les couloirs.

Caméra 8 : flics dans les couloirs.

Caméra 7 : flics et retenus.

Arrêt de la sélection vidéo.



8 nouvelles vidéos en simultané. Caméras 1 à 4 : réfectoire. Caméras 5 à 8 : extérieur, grilles et bâtiment.

Il ne se passe rien.

Caméras 1 et 2 : quelques retenus près des tables du réfectoire.

Caméra 5 : 2 ou 3 retenus passent.

16h.

Caméra 7 : on voit des flics qui courent le long des grilles.

Caméra 4 : quelques retenus à l’extérieur.

Caméra 1 : un retenu dans le réfectoire.

Caméra 5 : des flics courent le long de la grille.

Caméra 6 : 2 poubelles sont déplacées près des grilles.

Caméra 2 : dégagement de fumée dans le réfectoire, en haut à droite de l’écran. Aucun retenu dans le champ.

Caméra 4 : des flics courent le long des grilles.

Caméras 5 et 7 : des flics courent à l’extérieur.


La présidente s’adresse très doucement au procureur qui se lève et se place quelques instants derrière la présidente et les deux assesseurs.



Changement de vidéos.

7 vidéos en simultané. Extérieur bâtiment et grilles.

Caméra 7 : mouvement de personnes le long du bâtiment.

Caméras 1 et 2 : rien le long des grilles filmées en grand angle.

Caméra 6 : petit attroupement (de retenus ?) le long du bâtiment.

Caméra 6 : l’angle de vision de la caméra n’est plus le même. Visiblement la caméra a été déplacée. Elle filmait auparavant le long du bâtiment, là on ne distingue plus que le sol et le bas d’un poteau.

Caméra 2 : caméra floue, une sorte de fluide à l’écran.

Caméra 3 : un flic à l’écran.

Caméra 6 : on voit que des matelas sont visiblement sortis du bâtiment. On ne distingue pas de visages puisque la caméra filme le sol.

Caméra 3 : allées et venues de flics.

Caméra 7 (qui filme depuis le lancement des vidéos le sol et le bas d’une porte, en plongée) : dégagement de fumée. Ecran brouillé. Aucune image de mise à feu.

Caméra 6 : flics qui courent.

Caméras 5 et 6 : sortie massive de retenus.

Arrêt du visionnage.

Audience suspendue.

Reprise.


17h.

La greffière ferme les vidéos sous scellés.

Le procureur, visiblement amusé : « Ah, les charmes des scellés ! »

La présidente : « Nous avons reconstitué les scellés. »

Audience levée.


Poursuite des débats, lundi à 14h. Pour les charmes de la justice.














(1) Je ne l’ai pas mentionné dans les comptes-rendus précédents, mais en effet un interprète est présent lors des audiences afin d’assister un ou des prévenu(s) du procès du CRA. Les prévenus n’étant pas là, l’interprète remet à plus tard son bilinguisme expert.

(2) Précisons que depuis le début du visionnage des bandes de vidéosurveillance -soit le lundi 1er février- , le dispositif de projection est quasiment toujours le même : 4 ou 7 vidéos (voire 8 – on le verra lors de cette audience) sont diffusées simultanément. Le « plein écran » (soit une vidéo à l’écran) dure généralement 2 ou 3 secondes.

(3) Format de projection inédit jusqu’alors pendant les audiences. On peut facilement imaginer qu’il est peu aisé de distinguer les détails quand 8 vidéos sont projetées simultanément. Les modalités de projection de ce qui constitue l’unique pièce à charge dans le dossier en disent long sur ce qui se joue…

(4) A noter qu’il s’agit de la première fois où l’on voit lors du visionnage l’intérieur d’une chambre. On peut imaginer qu’il s’agit d’une chambre d’isolement. Il n’y a visiblement qu’un lit.




NB : On peut aussi lire les excellents comptes-rendus de Migreurop.





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