mercredi 29 octobre 2008

La découverte du mécanisme de rupture spontanée de symétrie en physique subatomique


Suggestion pour des techniques de management moderne








Les benêts du "recruting" ying-yang zen sur canapé velours.


Tu postules pour un boulot de laquais d'aéroport (type cruche fardée telle une Barbara Cartland sous diète qui répète 300 fois par jour "Bon voyage, Sir" après avoir reconstitué sa collection de souches cartonnées. L'esprit frappé par le syndrome de la démonstratrice en parfumerie, "environnement international" en sus).

Tu postules donc pour un boulot qui te permet de faire des emplettes au rayon que dalle.

Option surchauffe neuronale.

Après le test d'anglais du valet en milieu aéroportuaire, les questions de type "culture générale" (sic) où tu dois réciter par coeur le numéro de la police la plus proche (j'essaie de joindre la brigade anti-cons; sans succès) et le calcul mental (combien font dix heures de sommeil moins quatre dans le RER B par temps de pluie ?), les exercices de dominos paraissent, à côté de ce qui suit, être un pipi de chat très sympathique, finalement :


Roulements de tambours, à vos stylos :


"La mort d'un proche a-t-elle déjà eu des conséquences sur votre santé?" (sic)

Réponse A: J'ai gardé seulement quelques égratignures sur les mains.

Réponse B: C'est quoi alors ces bouts de chips sur le questionnaire ducon ?

Réponse C: Non, plutôt le contraire.



"Le stress a-t-il déjà affecté votre vie sexuelle?" (sic)

Réponse A: Pour l'affecter, encore aurait-il fallu qu'elle existât.

Réponse B: Si monsieur le patron est suffisamment compréhensif, ça ne devrait pas poser de problème.

Réponse C: L'année dernière avec Kévin, quand on est parti chez tata Michèle à Périgueux, eh ben oh la la, j'étais toute patraque.


Le CV, c'est dépassé, vive les tests de blennorragie dans l'entreprise !



Better and better. De pire en pire pour les moins ironiques.


Entretien pour un stage sous-payé (pléonasme) dans une radio publique. Un jeune chef boboïsant vautré dans son fauteuil sombre pivote jusqu'à moi grâce aux petites roulettes de son petit trône post-moderne.

"Bon, je vous le dis tout de suite, pour le recrutement, j'y vais au feeling" En gros, papa le gentil chef du couloir n'en a strictement rien à faire de ton "parcours universitaire et professionnel", il agite son pendule électromagnétique, il ondoie. Avant même d'avoir pu dire quoi que ce soit d'à peu près cohérent dans ce foutoir, tu es déjà soit un winner soit une merde. Ce qui est absolument prodigieux dans ce genre de phrases que l'auteur envisage comme une preuve de son côté divinement cool et moderne, c'est qu'elle te place dans un climat de sublime arbitraire.

Selon lui, la démarche n'est pas hasardeuse, elle est juste "cool".

Malgré sa vision new age du recrutement, monsieur Pendule et ondes interstellaires dans un placard prend une grande respiration qui ferait presque tressaillir de joie son laquais officiel placé à côté dans l'entrée, et demande "comment on envisage la radio publique". "Souci du service public, exigence de qualité, élévation de l'esprit". Une réponse qui respire pas trop le trotsk' enragé et qui vaut pourtant à son auteur ceci :

"Il me semble que vous êtes une militante altermondialiste de type Besancenot" (sic) Et en plus il a le pull cachemire catégorisant...

La prochaine fois, je m'engage à défoncer le sas avec une faucille. Quoique, puisque "militante" de type postier, je serais plutôt dans l'enfonçage de portes.


Soft Marcelle, soft...

Le surréalisme ayant largement dépassé les demoiselles d'Avignon, il poursuit tranquillement son oeuvre involontaire et fricote avec un certain oubli des textes. (1)

Le site de recherche d'emploi Keljob envoie régulièrement à ses abonnés-chômeurs des courriels mêlant (rarement) offres d'emplois et (plus souvent) "conseils" en tout genre pour lesdites recherches. Et puis, parfois, en pleine déliquescence automnale, on reçoit un mail qui compile cette fois-ci, non pas les expériences foireuses (non, "inédites") des détenteurs d'une carte Gold-Assedic, mais celles des trouducs faits séparateurs du bon grain et de l'ivraie en session d'entretien. Intitulé des mémoires courtes d'un DRH : "Le candidat est une candidate…" (sic)

« J’avais rendez-vous avec un prénommé Pierre, pour un poste de comptable. Le jour J, il s’est présenté... habillé en femme. Cela ne m’a pas empêché de mener l’entretien normalement, mais au départ, cela m’a fait un drôle d’effet ! » (sic) Claude, responsable RH dans une PME


Au-delà de la surprise étouffée de Claude le "responsable RH" qu'on imaginerait volontiers sous-chef dégarni dans une "PME" spécialisée dans la fabrication de pistons pour joints mastic de salle de bain, ce qui est véritablement surprenant, c'est cette douce agrégation d'aisance mesurée et d'évitement de tout discours qui pourrait forcer Cloclo à aller compter les oranges au parloir. Claude oublie de nous dire si ce chti élément vestimentaire a été délicatement noté en haut à gauche de la chtite fiche de recrutement, car si cela avait le cas, gentil Claude aurait pu passer lui aussi un entretien avec ce que ces sales gauchos appellent les prud'hommes, voire le tribunal d'instance.

Car, quand on a expérimenté soi-même les grandeurs du recrutement à la française et qu'on s'amuse à (essayer d') appeler l'inspection du travail départementale, on se rend facilement compte qu'il est quasiment impossible de faire quoi que ce soit, à part de faire de ce service a priori plutôt intéressant un énième bureau de consignations.

N'empêche. La loi, c'est bien, on aurait presque l'impression de patauger dans quelque chose d'à peu près juste.





Art. 9 du Code civil

Chacun a droit au respect de sa vie privée.


Art. L1221-6 du Code du travail


Les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à un emploi ne peuvent avoir comme finalité que d'apprécier sa capacité à occuper l'emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles.

Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l'emploi proposé ou avec l'évaluation des aptitudes professionnelles.

Le candidat est tenu de répondre de bonne foi à ces demandes d'informations.



Art. L1221-8 du Code du travail

(..)

Les méthodes et techniques d'aide au recrutement ou d'évaluation des candidats à un emploi doivent être pertinentes au regard de la finalité poursuivie.



Art. 225-1 du Code pénal (eh, faut pas pousser mémé dans les orties...)

Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. (...)



Art. 225-2

La discrimination définie à l'article 225-1, commise à l'égard d'une personne physique ou morale, est punie de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 Euros d'amende lorsqu'elle consiste :

(...)

5° A subordonner une offre d'emploi, une demande de stage ou une période de formation en entreprise à une condition fondée sur l'un des éléments visés à l'article 225-1 ;

(...)




***





Art. 16-6 du Code Civil:

Aucune rémunération ne peut être allouée à celui qui se prête à une expérimentation sur sa personne, au prélèvement d'éléments de son corps ou à la collecte de produits de celui-ci.



... Comme dirait le rescapé de l'Ile de Ré, j'ai décidé de me retirer définitivement du travail, la preuve, c'est illégal.






(1) Certes il y a plus excitant comme lecture, néanmoins les textes sont disponibles sur ce site : www.droit.org/jo/codes.html



N.B. L'univers est zarbi et c'est précisément la raison pour laquelle j'ai choisi comme titre à cette joyeuse bouillie l'intitulé des travaux d'un chercheur croûteux de 87 ans qui a reçu cette année le Prix Nobel de physique. Yoichiro Nambu, encore un qui doit "marcher au feeling"...




Ce billet a été écrit avec à fond dans la casbah "A bas les gens qui bossent" du délicieux Didier Super.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Qu'il est beau mon travail, qu'il est frais mon travail! Jolie chronique de cette recherche, stylé et tout. Pour le prochain entretient, je vous conseillerais d'acheter un de ces jouets comme sur la photo, à offrir à titre de décoratif pénien, car comme le dit si justement la rumeur populaire "En chaque homme un cochon sommeille".

Veuillez agréer, Madame, blablabla

T'as le bonjour de gonzo quoi ;-)

Antimollusques a dit…

Précisez, cher Monsieur :

"comme le dit si justement la rumeur populaire" ... belge, belge.

Et s'agissant d'un éventuel prochain entretien, j'investis plutôt dans un pain de dynamite.

Cordialement,
Hug ami wallon !

A.