mardi 17 novembre 2009

Du désir et de la débauche




Il m'arrive parfois de traîner mes cornées vers le site du Figaro pour y lire les longs râles des commentateurs en Loden. Les forums du Figaro, c'est un peu comme glisser ses tympans dans un salon moelleux du XVIème : on se gave de macarons en goûtant les charmes de l'obstruction de la trachée artère sur le mode "mais vous vous rendez compte, c'est honteux, y a plus de limites, Maria, deuxième fois, je vous ai demandé de m'apporter une camomille..."

Aujourd'hui, l'un des objets de révolte des agités de la théière était la proposition faite par Royal de distribuer des "pass contraception" dans les lycées de Poitou-Charente (1). Et, of course, dès que la possibilité se présente de faire d'un utérus autre chose qu'un futur nid à lardons, c'est l'armée des coeurs purs probablement nés dans des jardinières qui refait surface.

Les lecteurs/commentateurs du Figaro qui saluent le retrait (!) d'un tel projet (enfin le refus de la rectrice d'envoyer les paquets) se râclent le noeud pap' en évoquant l'ignominie que représente une telle initiative : on invoque la "débauche" (sic) (2), "l'autorité des parents remise en cause"... "ce n'est pas à l'école de proposer la contraception" (3)

Car, évidemment, ce n'est pas tant la contraception en tant que telle qui pose problème aux lecteurs du Figaro (à l'exception près des "pro vie" -et peine de mort), mais le fait que soient associées sexualité et jeunesse (4). Et, plus précisément, les jeunes filles et leur désir. (papa et maman s'imaginent que l'équitation et les rallyes qu'Alix aime tant lui ôteront toute mauvaise pensée.) Si l'on suit les commentaires, la possibilité d'une contraception accroît le désir (la"débauche") et (en?) signifie(ant) qu'il existe (peut exister) une sexualité quand on est mineure. Il conviendra de préciser aux lecteurs du Figaro que la Terre est ronde.


La bonne société (qu'on enfile quand maman est au bridge) hurle à l'absence de limites dans la jeunesse, alors que la limite se trouve précisément dans la réception du "Tu ne baiseras point" parental. Car papa a beau dire que maman, on ne la défouraille pas, non, on l'aime par l'entremise de sa secrétaire dans un congrès d'orthodontie, quand le désir d'Alix est là ...


Well, well ... ça déraille sec dans la Haute. (5)





Et tronchant la bonne philippine, les dignes de pouffer : "la plèbe avait les aiguilles, nous, on avait le Léman."










(1) "Le "pass contraception", gratuit, se présente comme un carnet de chèques restaurant, avec des tickets pour une visite chez un médecin et chez un gynécologue ainsi qu'un bon d'échange en pharmacie pour un moyen contraceptif " selon Le Figaro.



(2) Les vieilles biques du Figaro qui hurlent à la "débauche" devraient pourtant se souvenir de leurs escapades en Suisse, dans les sixties. Ce temps joyeux où l'on empruntait la Bentley de papa pour aller expulser son batard dans une clinique discrète, là-bas, près des sapins.


(3) A ce sujet, Luc Chatel, invité de la matinale d'Inter, reçoit avec les honneurs le prix "quinine 2009" pour avoir suggéré que les adolescentes pouvaient de toutes façons fréquenter le planning familial pour se faire prescrire la pilule. Bravo Lulu, grâce à tes camarades, les budgets du planning sont désormais ridicules, mais j'ose espérer que le Plan de Relance bénéficiera à l'industrie du tricot.


(4) Exception faite du vestibule destiné à ranger les aubes.


(5) A ce propos, joie matinale et plaisir clouté : visiblement, un élève de l'Institut du Saint-Esprit (sic) avait pour projet de zigouiller ses profs.

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