jeudi 9 avril 2009

Nous cesserons ici toute collaboration.






Il manquait un accessoire au "violent". Depuis quelques jours, le catalogue "kit de la violence © 2009" s'enorgueillit de disposer d'un nouveau joujou : après la capuche, l'uniforme noir, la fronde et le marqueur, l'instrument plus puissant que la bombe H : la barre de fer. 


Ah, la "violence"... comme si une bouteille d'Evian délicatement placée entre l'agenda et le plume assurait la dimension fondamentalement pacifique et bienveillante d'une signature de contrat d'armement. Tant que c'est propre et qu'on se dit tout sur papier bristol à en-tête...

Un faire-part de licenciement avec la jolie signature du boss en dessous. Salutations distinguées, mes gueux. Ca, c'est pas violent, c'est une charmante attention. Un max de cellulose pour te dégager tranquille. 

Encore un cahier de doléances "pas content, pas content", un énième sitting et une distribution de fleurs en papier.



Ah, la défense ardue du monopole de la définition (et de la pratique) de la violence légitime... elle s'opère dans les discours des gardiens du statu quo, que ceux-ci se planquent dans les forums du Figaro, de Libé ou ailleurs. Ca s'emballe sec sur les parquets cirés.


Le rapport de force s'inverse (un peu) et les seigneurs ou seigneurs-wannabe hurlent au scandale. Quoi ? Les gueux pensent et s'organisent. Cachez l'argenterie, Marguerite. 

"Moraliser le capitalisme" : monsieur Guillotin nous propose un modèle de lame en or pur. Tranché, oui, mais avec classe ! 





En parlant des gardiens du statu quo, en voici un particulièrement intéressant, qui se trouve être interviewé par le révolutionnaire "Libération" : Olivier Labarre, "directeur général adjoint de BPI, cabinet conseil en management et en ressources humaines" (sic), un mec bien quoi, qui la joue explication de textes du phénomène de séquestration des bienfaiteurs de l'humanité caverneuse. Extraits (1) :



"C'est clairement l'expression du désespoir et de la colère...

Tout à fait, car ce ne sont pas les syndicats qui poussent à la séquestration. 
(Tu m'étonnes, les syndicats s'y connaissent mieux en pousse-au-crime dans un verre en plastique qu'en séquestration. La seule chose qu'ils retiennent contre son gré, c'est le C15 de Georges Marchais, entre Bastille et Nation, les jours de beau temps -fixe- 
Et, détail amusant ce "car ce ne sont pas..." au lieu d'un "et". Est-ce à dire que les syndicats ont pour fonction de contenir tout désespoir et toute colère...?)

Ce sont les salariés eux mêmes qui prennent la main. 
(good ! A la CGT et la CFDT:  la stratégie du bas de contention de la colère se barre en sucette)

Même si l'entreprise a toutes les raisons de licencier, et que c'est explicable didactiquement au personnel, il y a un moment où ce qui est justifié n'est plus acceptable selon le salarié, compte tenu du contexte actuel.
("toutes les raisons de licencier" / "explicable didactiquement" : ah, les délices de l'effort pé-da-go-gique dans l'entreprise...  Au passage, jolie tentative de mettre sur le même plan la "justification" et l' "acceptation".)

 Face aux grands groupes, le salarié cherche à prendre la main, en dehors de toute négociation syndicale.
(re- good ! La "main" du salarié -bis- Olivier Labarre l'appréhende)



Vous semblez inquiet?  (mais c'est que ça palpite dans le XVIème! Vite ! une verveine pour Olivier !)

Effectivement, car j'ai peur que cela devienne une habitude. Et c'est la pire des solutions.
(... pour qui, cher monsieur Labarre?)


C'est-à-dire?

Eh bien, la séquestration, c'est quand même la solution extrême. 
(kamoulox : vous avez Georges Besse en opposition)

Rien ne vaut le fait de parler, de négocier, de dialoguer. Mais dans ce genre de situation, on ne peut plus discuter. Moi, je conseille aux entreprises de toujours aller sur le terrain pour expliquer leur projet (de restructuration, ndlr). Il faut avoir le courage de le faire. Même au risque d'être séquestré."
(Chantons tous "s'il-vous-plaît" en choeur)

(...)

"Quelle lecture faut-il en avoir? (rien de mieux en effet qu'un énième "expert" en management et en ressources humaines pour "nous" dire ce qu'il "faut" penser de la lutte des classes; Libé, tu m'émeus.)

Ces actes sont dangereux. La preuve, la séquestration est considérée comme un délit. Il faut faire attention, car cela pourrait mal se terminer. Dans le cas de Caterpillar, un des directeurs a été évacué pour raisons de santé."


Avis donc à tous ces odieux personnages qui, de la barre de fer strasbourgeoise à la fermeture automatique des portes de Caterpillar terrorisent le citoyen honnête : pensez aux caisses de champ' lors de la prochaine occupation des bureaux du 4ème. 

L'hypoglycémie patronale fait rage.




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