mercredi 14 janvier 2009

Constantine




Comment cela s'appelle-t-il?


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La France présente une capitale où le temps semble s'être arrêté sur la case Ancien Régime. Où chaque façade pue le pouvoir et les jouissances de ses dignes représentants. L'obscénité y prospère. Sa contestation est rendue inaudible. Les rues y sont rectilignes, identiques et hautaines. 

Les rois s'appellent désormais "président", "premier ministre", "députés", "sénateurs". Sur les mêmes fauteuils, les mêmes ordures. "Elues" par on ne sait trop qui. Tous ceux qui croient encore que l'urne n'est pas tout à fait funéraire. Qui s'imaginent qu'en déposant un petit billet, l'inique sera un peu plus effacé, un peu moins grossier. Il n'est plus question d'aménagement. On peut tout à fait déplacer des cloisons, en améliorer l'esthétisme, ce n'est pas en participant activement à sa rénovation que la prison deviendra agréable. 


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«Pour la première fois depuis une génération, le nombre de clandestins en France a commencé à décroître en France.» (1)


Ils éructent et en appellent à notre volonté d'intégration par la maîtrise de la langue, de sa grammaire. Quand bien même le métèque parviendrait-il à déployer ladite volonté par l'usage quotidien de l'imparfait du subjonctif, l'Etat français lui vomirait encore à la gueule. "Droits des étrangers" disent-ils. Les ministères de la "Justice" (sic) et de l'Immigration et de l'Identité Nationale ont un sens aigu de l'oxymore. 

Quand quelque chose s'effondre ou tend à disparaître, on hurle son existence dans les moindres sous-pentes. Un vibrant hommage de la liberté dans une cellule. Je vous comprime tout en célébrant dans un énième trémolo mon souci de la libre expression.

Festoie, Brice. Targue-toi de ton bilan, promène toi d'un palace du peuple à un autre. Du 101 rue de Grenelle au 127.  Treize portes cochères plus tard, l'identité tautologique du salaud demeure.


Qu'aurais-je, Brice, quand j'aurais balancé à tes services ce grand con de S. qui fait des fleurs en fil de laiton? Quand mon plastron sera décoré aux couleurs de la République, de celles qui broient, qui expulsent. Elle sera comment la médaille? Jaune pâle? Aurais-je droit à des "miles" pour parcourir ce monde que tu méprises car trop peu menotté à ton goût ? Les décorations tiennent plus du linceul que du simple apparat. On organisera encore des galas en l'honneur de tous ceux qui en ont perdu le sens. On glosera à l'envi sur les nécessités d'expliquer à la populace que, si elle n'est pas contente, c'est qu'on a failli en matière de communication et de pédagogie. S'il y a soulèvement, il s'agira simplement d'un malentendu. D'une petite erreur de compréhension. 

"Développement solidaire"







Dans sa cellule, S. fait des fleurs en papier toilette. 









(1) Extrait de la conférence de presse donnée par Brice Hortefeux, le 13/01/09



Le vulgaire mis au service de la "pédagogie gouvernementale" en matière de politique d'immigration: une contribution de Nadine Morano, représentante de la commission "Classe, intelligence et vous-avez-une-culture? (sic)"


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