mardi 14 avril 2009

lundi 13 avril 2009

On n'oublie pas sa cravate de rechange.





Nous avons entrevu jeudi 9 avril le douloureux travail de pé-da-go-gie que doivent entreprendre nos élites économiques auprès des petits-qui-les-prennent-en-otages, grâce à l'entremise du sémillant Libération (-du-Capital). Le même jour, le Figarô allait promener ses feutres et ses recorders chez un autre expert en "mutations d'entreprise" (sic). Extraits :



"Séquestration des patrons : comment y faire face ?" (1)

"Xavier Tedeschi est dirigeant d'Horemis, une société d'accompagnement managérial, social et humain des mutations d'entreprise. Depuis vingt ans, il conseille les dirigeants de société pour les aider à gérer au mieux les projets de restructuration de leur entreprise." ("restructuration" qui va bien au-delà du remplacement du pot-à-crayons par des feutres lasers...)


"Soigner la communication

La formation dure une demi-journée. Il faut déjà sensibiliser les chefs d'entreprise à la communication d'annonce du projet de restructuration de la société. «Nous les préparons à avoir une communication pédagogique claire car une crise sociale part souvent d'une incompréhension entre le patron et les salariés», explique Xavier Tedeschi. En effet, le chef d'entreprise néglige parfois les premiers signes de tension et pour justifier son projet de redéploiement, il a souvent recours à une raison extérieure, pas toujours justifiée dans leur cas - ‘ce n'est pas ma faute, c'est la conjoncture économique' - ce qui exacerbe davantage les rancoeurs des salariés. Les dirigeants doivent ainsi impérativement apprendre à décrypter cette montée en puissance de la grogne pour réussir à désamorcer le conflit.

Être préparé psychologiquement

«Nous ajustons nos méthodes en fonction des membres de l'équipe dirigeante. Pour certains, nous mettrons davantage l'accent sur le soutien psychologique», précise Xavier Tedeschi. Car les séquestrations peuvent laisser des traces. Comme pour les quatre cadres de l'usine Caterpillar à Grenoble, retenus par des salariés pendant vingt-quatre heures. Ils ont été privés de téléphone fixe et de portable et ont été victimes d'intimidations. A la fin de la séquestration, les quatre dirigeants sont sortis sous les crachats et les huées. D'un point de vue psychologique, «c'est une situation d'une violence extrême», reconnaît Gilles Verrier, directeur d'Identité RH, une société de conseil en ressources humaines. «La séquestration est la réponse extrême des salariés face à leur désespoir. On sait quand cela commence mais on ne sait pas quand cette situation va prendre fin». Cependant toutes les séquestrations ne sont pas aussi radicales. Pour François Hallai, médiateur en charge de régler le conflit entre les salariés et la direction de l'Imprimerie Nationale, «cela s'est passé sans violence». «Nous avons continué à discuter et à négocier avec les salariés donc cela n'a duré que quelques heures». Mais même lorsque ces situations se produisent sans complication, un traumatisme peut toujours se produire. «Tout dépend si on est préparé ou pas à vivre ce genre de chose», poursuit François Hallai.

Avoir son kit de survie

Enfin, Horemis propose également à ses clients d'avoir toujours un «kit de survie» dans leur bureau. Il contiendra des effets personnels de rechange (chemise, cravate etc) et une trousse de toilette (rasoir, brosse à dent etc). Mais aussi «un deuxième téléphone portable avec un numéro masqué, dans lequel seront enregistrés des numéros utiles comme celui de la famille, de la préfecture ou de la gendarmerie afin de les avertir au plus vite de la situation», poursuit le dirigeant de la société de conseils. De quoi faire face au moins à une nuit de séquestration." (2)



Amis riches, tous à Varennes !

Remember juin 91 :


" L'Intendant de Tedeschi nous fait signe depuis la guerite. N'ayant point encore cédé à l'égarement des factieux, les laquais déposent à la hâte malles et Palm.

(...)

La nuit est difficile. Coups de pied dans les portes. Musique révolutionnaire. Rap." (3)






Il faut toujours un kit de survie pour un agréable retour aux Tuileries.










(1) : Militons pour la réintroduction des ponts-levis.

(2) : L'italique correspond à l'enclenchement de la fonction "vibrato".

(3) in "Le malaise des cadres de Scapa séquestrés dans l'Ain" daté du 9 avril, le Figaro.

jeudi 9 avril 2009

Nous cesserons ici toute collaboration.






Il manquait un accessoire au "violent". Depuis quelques jours, le catalogue "kit de la violence © 2009" s'enorgueillit de disposer d'un nouveau joujou : après la capuche, l'uniforme noir, la fronde et le marqueur, l'instrument plus puissant que la bombe H : la barre de fer. 


Ah, la "violence"... comme si une bouteille d'Evian délicatement placée entre l'agenda et le plume assurait la dimension fondamentalement pacifique et bienveillante d'une signature de contrat d'armement. Tant que c'est propre et qu'on se dit tout sur papier bristol à en-tête...

Un faire-part de licenciement avec la jolie signature du boss en dessous. Salutations distinguées, mes gueux. Ca, c'est pas violent, c'est une charmante attention. Un max de cellulose pour te dégager tranquille. 

Encore un cahier de doléances "pas content, pas content", un énième sitting et une distribution de fleurs en papier.



Ah, la défense ardue du monopole de la définition (et de la pratique) de la violence légitime... elle s'opère dans les discours des gardiens du statu quo, que ceux-ci se planquent dans les forums du Figaro, de Libé ou ailleurs. Ca s'emballe sec sur les parquets cirés.


Le rapport de force s'inverse (un peu) et les seigneurs ou seigneurs-wannabe hurlent au scandale. Quoi ? Les gueux pensent et s'organisent. Cachez l'argenterie, Marguerite. 

"Moraliser le capitalisme" : monsieur Guillotin nous propose un modèle de lame en or pur. Tranché, oui, mais avec classe ! 





En parlant des gardiens du statu quo, en voici un particulièrement intéressant, qui se trouve être interviewé par le révolutionnaire "Libération" : Olivier Labarre, "directeur général adjoint de BPI, cabinet conseil en management et en ressources humaines" (sic), un mec bien quoi, qui la joue explication de textes du phénomène de séquestration des bienfaiteurs de l'humanité caverneuse. Extraits (1) :



"C'est clairement l'expression du désespoir et de la colère...

Tout à fait, car ce ne sont pas les syndicats qui poussent à la séquestration. 
(Tu m'étonnes, les syndicats s'y connaissent mieux en pousse-au-crime dans un verre en plastique qu'en séquestration. La seule chose qu'ils retiennent contre son gré, c'est le C15 de Georges Marchais, entre Bastille et Nation, les jours de beau temps -fixe- 
Et, détail amusant ce "car ce ne sont pas..." au lieu d'un "et". Est-ce à dire que les syndicats ont pour fonction de contenir tout désespoir et toute colère...?)

Ce sont les salariés eux mêmes qui prennent la main. 
(good ! A la CGT et la CFDT:  la stratégie du bas de contention de la colère se barre en sucette)

Même si l'entreprise a toutes les raisons de licencier, et que c'est explicable didactiquement au personnel, il y a un moment où ce qui est justifié n'est plus acceptable selon le salarié, compte tenu du contexte actuel.
("toutes les raisons de licencier" / "explicable didactiquement" : ah, les délices de l'effort pé-da-go-gique dans l'entreprise...  Au passage, jolie tentative de mettre sur le même plan la "justification" et l' "acceptation".)

 Face aux grands groupes, le salarié cherche à prendre la main, en dehors de toute négociation syndicale.
(re- good ! La "main" du salarié -bis- Olivier Labarre l'appréhende)



Vous semblez inquiet?  (mais c'est que ça palpite dans le XVIème! Vite ! une verveine pour Olivier !)

Effectivement, car j'ai peur que cela devienne une habitude. Et c'est la pire des solutions.
(... pour qui, cher monsieur Labarre?)


C'est-à-dire?

Eh bien, la séquestration, c'est quand même la solution extrême. 
(kamoulox : vous avez Georges Besse en opposition)

Rien ne vaut le fait de parler, de négocier, de dialoguer. Mais dans ce genre de situation, on ne peut plus discuter. Moi, je conseille aux entreprises de toujours aller sur le terrain pour expliquer leur projet (de restructuration, ndlr). Il faut avoir le courage de le faire. Même au risque d'être séquestré."
(Chantons tous "s'il-vous-plaît" en choeur)

(...)

"Quelle lecture faut-il en avoir? (rien de mieux en effet qu'un énième "expert" en management et en ressources humaines pour "nous" dire ce qu'il "faut" penser de la lutte des classes; Libé, tu m'émeus.)

Ces actes sont dangereux. La preuve, la séquestration est considérée comme un délit. Il faut faire attention, car cela pourrait mal se terminer. Dans le cas de Caterpillar, un des directeurs a été évacué pour raisons de santé."


Avis donc à tous ces odieux personnages qui, de la barre de fer strasbourgeoise à la fermeture automatique des portes de Caterpillar terrorisent le citoyen honnête : pensez aux caisses de champ' lors de la prochaine occupation des bureaux du 4ème. 

L'hypoglycémie patronale fait rage.




samedi 4 avril 2009

L'Iran détiendrait la barre de fer

"Ils sont beaucoup plus organisés qu'il n'y paraît. Certains ont été filmés, mais ils sont cagoulés et, en plus, ils sont habillés d'une façon relativement uniforme. Ils ont des consignes pour refuser de témoigner et pour ne pas se rebeller", a souligné le vice-procureur Thierry Massa. (1)

"Ils seront jugés lundi pour port d'arme illicite, l'un ayant été trouvé porteur d'une barre de fer, l'autre d'une hachette." (2)






(1) et (2) : Ils sont très très méchants.




Photo : Thibautcho

vendredi 3 avril 2009

Monsieur Arcand



Hey monsieur,


Je cherchais aujourd'hui des nouvelles du département d'anthropologie de l'Université Laval. Celle qui m'a accueillie il y a 5 ans dans le cadre d'un "échange bilatéral" de deux sessions. Dans le "kit accueil des étudiants étrangers à Québec", j'avais feuilleté la section "anthropologie". Un peu au hasard, quoique. Bien que totalement ignarde en la matière, et associant à ce mot quelque chose proche de l' "os de mammouth dans la steppe sibérienne", je lisais : Anthropologie visuelle et anthropologie du langage par Bernard Arcand. Soudoyer une secrétaire du département pour un intitulé. J'abandonnai définitivement l'aridité de la science politique pour des mots.

Il me fallut un certain courage pour déguerpir de ma piaule de la rue Saint-Jean et humer les doux -30° pour assister au premier cours.

Vous parliez de Barthes d'un air amusé avec vos mots, choisis, mesurés, avec cette décontraction que les hautains de la sémiologie à la française ne connaîtront jamais. 

J'entendai pour la première fois les noms de Pierre Perrault, Michel Brault, Pierre Falardeau. J'entends encore le silence confus des étudiants autour de moi, quand vous êtes arrivé à dépluger le fil "du vidéo". C'était "Le Temps des bouffons", documentaire absolument prodigieux sur le Québec, l'indépendance, les luttes, l'obscénité intrinsèque du pouvoir, les maîtres et les esclaves. Une bonne baffe "dans ta face", intelligente et "solide". Merveille, merveille du silence qui a pris place alors, de ce silence que vous avez laissé prendre dans l'auditoire. Merci. 

Et puis "La lutte" de Jutra accompagné de Barthes, les signes, la poésie, la métaphore d'un pays qui n'en est pas. Pas encore. Et qui s'pitche end'dans.

Votre humour, subtil, et dévastateur. Je riais, votre intelligence amusée me rendait heureuse. Votre sourire et votre justesse. Puissiez-vous l'entendre. J'ai souvent songé à vous, quand rentrée de l'autre côté, je me fracassai le tête contre le mur des "professeurs d'université" dont la taille des chevilles était inversement proportionnel à la portion humanité. Ils en maîtrisaient le pluriel plus que le singulier. Je songeais plus d'une fois à vous, quand les professionnels du savoir encadré, froid, bien distant, glosaient sur la nécessaire introduction de la "transversalité" dans l'approche pédagogique de l'enseignant supérieur. Face aux dealers docteurs d'Etat en farces et attrapes, je ne pouvais que vous convoquer. Deux-trois "putain, bordel, quand je pense à Arcand". 

Selon la note de l'Université que j'ai lue ce matin, vous avez crissé votre camp le 30 janvier. Période glaciale, la pire à Québec. 

Deux-trois "putain, bordel" quand je pense à Arcand.

Merci infiniment.















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mercredi 1 avril 2009

Un visa/ Une viseuse







Près de la Porte Dorée, dans la charmante ville de Paris, s'est (presque) tenue lundi l'inauguration de la médiathèque de la "Cité nationale de l'histoire de l'immigration". Sardou aurait pu y jouer les MC en mixant entre deux cocktails "Au temps béni des colonies", tout en échangeant avec deux trois gardiens de musée un peu particuliers des miles Air France.

Besson-le-Fidèle et Toubon-revival-2009 auraient été "pris en otage" (1) par des visiteurs moins intéressés par les petits-fours que par la grossièreté des élus du peuple fiché.

On peut se demander à quoi doit ressembler la section "Et aujourd'hui" de la collection permanente. Une installation de pneus d'A340, une accumulation post-moderne de ceintures de sécurité, des cartes "Frequent travellers gold" pour les accompagnateurs de la reconduite spéciale... Tant d'humanisme fatigue.

Ah, roter du champagne en glosant sur la richesse de l'apport migratoire. Celui-là même qui goûte le sens de l'accueil à la française dans les bouches de métro, à coup de contrôle d'identité, qui respire l'esprit des Lumières dans les centres de rétention périphériques. Expirer à 10 000 pieds d'altitude pour permettre au gardien de la paix, R. toujours bon père de famille et fonctionnaire méritant, de parcourir la terre gratis.


Le caviar obstrue les voies aériennes.








(1) Au deuxième étage du musée, on nous informe qu' il y a une sous-section "flux migratoires, humour et vernissage".